La ligne de force

Il est vrai que dans le STENKA on entend trés souvent parler de "ligne de force" ou "powerline" ou encore "force interne".

C'est vrai qu'il est difficile d'admettre que la coordination musculaire ou coordination motrice joue un rôle fondamentale.

Dans le STENKA, nous avons l'exercice de la planche, ou l'exercice des coqs, ou encore le mur. Ces exercices sont souvent perçus comme une épreuve de force physique....quand je vois le nombre de bâton que l'on a cassé...hein Arthur Clin d'œil.

Ce travail de ligne de force existe depuis très longtemps et certains Maîtres se sont spécialisés dans cet art.

Maître Valeriy Maistrovoy a une très grande maîtrise de cette ligne de force et tout le travail de recherche sur le fondement du STENKA est basé sur la bonne utilisation de la ligne de force et cela donne toute l'efficacité du STENKA car les formes ne sont validées que si la ligne de force est conservée.

Voici des extraits d'un article d'une personne ayant une grande expérience de la ligne de force: (source)

L'utilisation d'une technique nécessite généralement une intention. Il ne faut pas frapper après en avoir pris la décision. S'il est libre le corps agira spontanément et frappera sans qu'on en soit conscient

Beaucoup de professeurs enseignent des formes mais seraient bien embarrassés si on les attaquaient réellement.
Une technique ne sert à rien si elle n'est pas soutenue par le corps qui peut créer l'effet désiré. Sinon il s'agit de mime mais pas de pratique martiale.

Malheureusement lorsqu'on parle d'enseignement technique cela se limite souvent à deux approches dans la plupart des écoles. Soit des répétitions incessantes du même mouvement, soit un apprentissage permanent de nouvelles formes. Mais dans les deux cas il manque généralement l'essentiel, la compréhension de l'essence du mouvement. Il faut apprendre à utiliser son corps plutôt que de répéter des mouvements en séries interminables en espérant qu'ils deviendront corrects par ce seul travail. (rires)
Travailler tous les types de tsuki en Karaté par exemple n'est pas inutile. Mais ce que j'enseigne est l'essence du mouvement. Je n'enseigne pas toutes les variétés de coups de poings mais j'apprends à frapper en utilisant le corps d'une manière totalement différente. Une personne qui étudie différentes façons de frapper mais ne modifie pas le fonctionnement de son corps n'aura pas gagné en efficacité.
Après il y a bien sûr des détails de forme. A l'Aunkaï on ne frappe pas comme en boxe mais plus comme si on utilisait une yari. Mais ce n'est pas l'essentiel. J'insiste bien plus sur la différence d'utilisation du corps que de forme.

Accumuler une collection de techniques n'est d'aucune utilité. Quand on enlève les formes extérieures il ne reste que notre essence et si elle est vide on ne peut pas rentrer dans le monde du bujutsu. On reste au niveau du kakutogi, "ah son low kick est efficace", "son coup de poing est rapide" ou "sa projection est belle".
Si on ne rentre pas dans une pratique qui va au-delà de ça, à la quarantaine on sera immanquablement battu par les pratiquants plus jeunes.

 

Le but de mon enseignement est d'apprendre à bouger le corps de la façon la plus efficace possible. Pour cela j'ai mis en avant quelques principes et un certain nombre d'exercices qui permettent de les développer.
L'entraînement doit d'abord faire prendre conscience de la gravité, des axes du corps et de nos possibilités articulaires. Le travail des axes permet de rééquilibrer notre corps. Le haut et le bas, la droite et la gauche, l'avant et l'arrière sont alors liés et l'efficacité de chaque partie n'est plus limitée mais multipliée par ses interactions avec les autres puisque le corps est utilisé comme un tout.
L'étape suivante est d'apprendre comment le corps reçoit la force. Cela nous permet ensuite d'apprendre à la faire jaillir.
Enfin, une fois le lien entre les différentes parties du corps compris on passe au renforcement du "cœur". Petit à petit le corps devient alors capable d'agir plus librement et puissamment tout en respectant les principes qui lui permettent d'agir avec efficacité.

La tête, le tronc, les membres sont physiquement reliés mais en réalité la plupart des gens utilise chaque partie de façon dissociée. Les gestes demandent alors beaucoup d'énergie pour des résultats limités. Un corps qui bouge de cette façon est non seulement totalement inutile dans le monde du bujutsu, mais aussi dans la vie quotidienne ou chaque geste gaspillera énormément d'énergie.
Les exercices que nous pratiquons visent à faire prendre conscience du lien qui existe entre chaque partie du corps et d'apprendre à augmenter l'efficacité du mouvement par leur interaction. Pour cela certains exercices demandent de totalement dissocier une partie tandis que d'autres insistent sur l'unité. Ce travail peut créer des tensions. Mais une fois que le centre sera établi on arrivera alors à les faire disparaître. A partir de là, même en bougeant rapidement il n'y aura pas de "déconnexion".

 

Le développement de la force de telle ou telle partie n'est d'aucune utilité dans un mouvement où le corps doit être utilisé dans son intégralité. Il faut pouvoir utiliser chaque partie du corps pour qu'il devienne un. Qu'une partie ait une force de 100 alors que le reste est à 5 n'a aucun intérêt puisqu'il sera limité au niveau de l'élément le plus faible. Il vaut bien mieux pouvoir bouger un corps dont l'ensemble a une force de 10.
Si on a une compréhension du but et de la finalité et que l'on veut renforcer un point particulier en complément cela est acceptable. Mais sans un certain niveau de compréhension cela ralentit et devient une limitation pour se mouvoir dans l'esprit du bujutsu.
Le corps doit bouger très subtilement pour être efficace donc il faut développer la sensibilité de ses "récepteurs". Ce travail est bien plus important car malheureusement la puissance développée par l'entraînement physique de type sportif est souvent inutilisable du point de vue martial. La plupart des gens ne voient la force qu'en terme de carrure où force musculaire mais la profondeur du bujutsu implique de pouvoir prendre conscience du mouvement infime des plus petits muscles et d'être capable de les utiliser. Sans cela on ne peut rentrer dans la véritable pratique martiale.

 

Je fais 65 kilos et je n'ai pas tellement de force. Mais lorsque je dis ça tout le monde me réponds que c'est faux parce que d'une légère poussée je projette au loin ou qu'avec une frappe légère je déplace mes partenaires. (rires)
Dans d'autres écoles certains enseignants sont capables de faire certaines de ces choses mais ils ne veulent ou savent pas l'enseigner. Ce qu'ils peuvent faire lors d'une démonstration et ce qu'ils arrivent à transmettre à leurs élèves est très différent.
Nous cherchons à retrouver le naturel à travers notre entraînement. Ce que nous travaillons est l'opposé du développement habituel de la puissance et de la vitesse. Les gens n'ont pas de réelle conscience de leur corps ni de celui de leur partenaire. Si votre adversaire est fort il ne s'agit pas de chercher à l'être encore plus que lui mais à "avaler", absorber cette force. C'est pour cela que l'on fait ce travail sobre et simple en apparence mais qui est très difficile.

Il faut pouvoir développer toute sa puissance dès la distance la plus courte. On commence à développer l'énergie sur des distances longues que l'on raccourcit peu à peu. Si on arrive à utiliser efficacement le corps avec une grande distance cela devient très facile au corps à corps.
De même petit à petit les taï sabaki doivent se raccourcir. On ne doit pas faire de grande esquive, il faut être complètement à la limite, presque touché.

 

Dans les arts martiaux actuels seuls les jeunes gens peuvent être efficaces car ils reposent sur l'utilisation de l'énergie physique, la force musculaire et  la vitesse. Dans le bujutsu on doit enlever tout geste parasite pour arriver à un mouvement pur où le geste est le plus efficace possible.
On doit utiliser ce que l'on possède en faisant le minimum d'efforts. Les mouvements sont infimes mais on se déplace en "fermant" à l'intérieur et la puissance dégagée est phénoménale. C'est l'intérieur de notre corps que nous devons développer.  Le travail reposant sur les qualités physiques ne présente pas d'intérêt pour le bujutsu. Par exemple s'il est bon de travailler sa souplesse pour la santé, c'est inutile de le faire pour frapper haut.

La manière d'utiliser le corps des pratiquants de sports de combats est trop lente. Quand on bouge correctement il est impossible à l'adversaire de comprendre ce qui se passe.
Il faut bien comprendre que lorsqu'on rentre dans le monde du bujutsu les cibles changent, parties génitales, cou, etc… Cela n'a rien à voir avec les kakutogi et il suffit d'un tsuki pour tuer un homme. On entre dans un tout autre univers où les règles ne sont pas là pour vous protéger et où le travail doit être plus profond et plus efficace. Il ne s'agit plus d'une lutte ou d'un jeu.

 

Il ne faut pas utiliser la force et on doit sentir tout de suite dès que cela heurte. Même si le partenaire qui vous saisit fait cent cinquante kilos on peut alors percevoir l'endroit où passer. Il faut sentir ce point. Je suis saisi mais si, de mon talon au sommet de ma tête tout est uni et que j'utilise finement ce lien je peux projeter mon adversaire quelle que soit sa force.
L'utilisation de la force est totalement stérile contre un adversaire plus fort ou plus lourd que soi. C'est le relâchement qui doit être utilisé et qui permet de faire jaillir la puissance. Mais il doit être utilisé à l'instant décisif. Saisir ce moment est un point primordial du bujutsu. On peut alors projeter quelqu'un même avec le petit doigt si on sait comment diriger correctement la force. Il faut prendre conscience de ce qui est invisible.